Isérois de naissance, Christophe Geoffroy a passé son enfance sous les jupons… de son père ! Ce dernier, ancien directeur des ramasseurs de plantes pour les chartreux, lui transmet très tôt avec ses oncles maternels, l’amour des bons produits. Par respect pour ses parents, Christophe suit des études de droit dans des écoles catholiques, qui lui permettront plus tard de devenir avocat et conseiller juridique.
Mais depuis le berceau, il rêve de casseroles. Un grand-père excellent cuisinier, un arrière-grand-père cuisinier en mer, une mère pour qui tout tournait autour du bon produit : oncles garde-pêche et garde-chasse, dimanches passés à ramasser champignons, escargots et à pêcher la truite à la main… « J’ai toujours aimé cuisiner et j’ai toujours su, au fond de moi, que je voulais en faire mon métier », confie-t-il.
À 14 ans, il commence un apprentissage, uniquement le week-end et le mercredi, dans un petit restaurant de Collonges-au-Mont-d’Or qui porte un nom devenu mythique : Paul Bocuse.
Paul Bocuse , bien plus qu’un chef
Christophe parle de « Monsieur Paul », cuisinier du siècle, comme de son « père en gastronomie ». Un mentor généreux qui lui a tout donné en lui ouvrant les portes de sa maison pour un apprentissage d’exception. « À sa mort, j’ai pleuré comme si je perdais mon second père », se souvient-il.
Ses sources d’inspiration sont variées : en pâtisserie, la maison Bernachon ; en crèmerie, Paul Bernard ; sans oublier les célèbres Mères lyonnaises, sans qui la gastronomie de la capitale des Gaules n’existerait pas. Aujourd’hui, c’est son ami le chef Régis Marcon qui l’inspire le plus par sa générosité et son goût pour la transmission. Mais, plaisante-t-il, « tout cela ne vaut pas la salade de pommes de terre et les œufs durs de ma femme, mon véritable pilier ».
Convaincu que l’amitié entre chefs aide à supporter la dureté du métier, il adhère très tôt aux associations professionnelles. Il est aujourd’hui président des Disciples d’Escoffier, prestigieuse confrérie de gastronomes du monde entier.
Une rencontre fortuite, le début d’une aventure
Pour ses 18 ans, Christophe dîne avec ses parents dans un restaurant de Saint-Symphorien-sur-Coise, dont la cheffe, en pleurs, venait de perdre son mari. Elle cherchait un jeune pour l’aider à poursuivre l’activité ; il propose aussitôt son aide et intègre la brigade.
Après un passage dans l’armée, où il gère la cuisine du mess, il économise assez pour ouvrir son Pied Humide près du parc de la Tête d’Or. À 20 ans, la presse locale titre déjà : « Christophe Geoffroy, le plus jeune restaurateur de Lyon ». L’aventure se poursuit avec le lancement de son service traiteur en 1983.
Ce n’est pas moi qui ai choisi Châtillon, c’est Châtillon qui m’a pris
Lyon, jadis ville-lumière, était devenue pour lui un environnement difficile : violences, vandalisme, agressions… Après plusieurs incidents, Christophe et ses salariés risquaient leur vie. Il saisit alors l’opportunité de reprendre le Château de la Tour, à Châtillon-sur-Chalaronne, une institution de prestige depuis quatre générations.

Reconnu pour la qualité de ses produits, le marché de Châtillon est pour lui un véritable panier d’or. Dans son restaurant Le Pierre Scize, il propose son plat signature : les quenelles de brochet sauce Geoffroy – et non sauce Nantua – une recette créée pour un concours de cuisine remporté en 1996.
Comptez en moyenne 55 € pour le menu bistronomique, 120 € pour le gastronomique ou 90 € en service traiteur.
La cuisine comme acte d’amour
Chaque lundi, mercredi et vendredi, le chef participera au Téléthon : avec d’autres Disciples d’Escoffier, à servir gratuitement des repas dans les gares de Lyon.
Christophe Geoffroy est un homme de cœur, aussi à l’aise aux côtés de chefs d’État que des personnes sans domicile. Pour lui, « cuisiner, c’est donner de l’amour ». Et il en est sûr : même là-haut, il continuera à faire à manger.
Myriam BELHADJ