Le mouvement Tradwife , contraction de traditional wife, soit « épouse traditionnelle » en français, valorise le retour à un modèle traditionnel de la femme mariée, centrée sur son rôle d’épouse au foyer. Il prône une vision où la femme se consacre pleinement à son mari, à l’éducation des enfants et à la gestion domestique, en revendiquant un mode de vie inspiré des normes familiales d’autrefois.
Un phénomène de sociétés occidentales
Ces femmes qui choisissent de quitter le monde du travail pour se consacrer exclusivement à leur foyer — connaît un regain de popularité, notamment sur les réseaux sociaux. Présenté comme un « retour aux vraies valeurs », ce mouvement inquiète. Est-ce un choix libre ou une régression masquée ? Après des décennies de luttes pour l’égalité, l’autonomie financière et la reconnaissance sociale, assister à ce repli interroge.
Certaines y voient une liberté retrouvée, un rejet du burn-out généralisé et de la pression professionnelle. Mais peut-on réellement parler d’émancipation lorsqu’il s’agit de redevenir dépendante économiquement d’un conjoint ? Ce retour en arrière risque d’effacer des acquis cruciaux : droit au travail, à la sécurité financière, à l’indépendance.
Le danger n’est pas dans le choix individuel, mais dans la glorification d’un modèle unique, passéiste, qui ignore les combats menés pour offrir aux femmes la possibilité de choisir autrement. Jusqu’où ira-t-on ? Rendra-t-on nos chéquiers à la banque en échange d’un tablier ? Il est urgent de réaffirmer que l’émancipation passe par la pluralité des rôles, et non leur effacement.
Renée Schanen
