Le billet de Renée SCHANEN

Nous avons les dirigeants que l’on mérite

L’adage selon lequel « nous avons les dirigeants que l’on mérite » suscite souvent des réactions contrastées. Certains y voient une évidence : les responsables politiques, économiques ou associatifs ne tombent pas du ciel, ils émergent d’une société qui, directement ou indirectement, les choisit. D’autres y perçoivent une accusation injuste portée contre des citoyens qui subissent plus qu’ils ne décident.

Pourtant, la formule met en lumière une vérité dérangeante : un dirigeant est le reflet de son environnement. Dans le domaine politique, il est élu par une majorité, ou par défaut, faute d’alternative crédible. Dans l’entreprise, il est nommé et validé par des instances que nous acceptons, et ses décisions prospèrent parce que le corps social les tolère, parfois par indifférence.

Cela ne signifie pas que les citoyens ou les collaborateurs portent seuls la responsabilité de leurs dirigeants. Mais leur niveau d’exigence, leur engagement et leur vigilance conditionnent la qualité du leadership qui émerge. Un peuple apathique tolère les dérives, une organisation silencieuse cautionne les abus, tandis qu’une communauté active et exigeante pousse ses leaders à s’élever.

Ainsi, avoir de « bons » dirigeants ne dépend pas seulement du charisme ou de la compétence de quelques individus. Cela dépend aussi de la maturité collective, de la capacité à demander des comptes, à proposer des alternatives et à encourager l’exemplarité.

En définitive, si nous voulons des dirigeants visionnaires, éthiques et responsables, nous devons d’abord cultiver en nous-mêmes ces valeurs. Les leaders sont le miroir de nos choix, de nos concessions et de nos silences. Autrement dit, nous ne méritons que ceux que nous laissons émerger.

Renée SCHANEN

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